« Oublie ça et continue, c’est bien »

« Allons, tout va très bien. Oublie cette connerie et continue à mener le bateau comme ça »
 
C’est ce que peuvent lui dire ses collaborateurs quand, dans la vraie vie, au cœur de la compétition.

Quand il se plante. En vérité.
 
C’est d’ailleurs un des éléments fondateurs qui ont fait la différence dans cette course mythique dont je vous parlais dans un précédent post.
 
C’est un des éléments au cœur du succès de cette équipe Australienne, qui a pris la Coupe de l’America après 132 ans d’hégémonie américaine.
 
A la source de cette attitude: John Bertrand, le skipper et celui qui a construit l’équipage et fait appel aux meilleurs préparateurs témoigne.
 
Il témoigne avec humilité de sa nature… à se mettre en colère.
 
Facilement.

Cela peut être le revers des personnes exigeantes et visionnaires.
 
Ce qu’il témoigne aussi, c’est des effets de cette colère:
– l’équipe ne parle plus et le silence toxique s’installe,
– le stress est contagieux,
– la perte de lucidité et de perception du réel de la situation est énorme,
– la valeur perdue est colossale,

l’intelligence collective est alors réduite à sa portion congrue: les décisions prises dans la panique de quelques-uns, voire d’un seul: le chef.
 
Le chef qui est peut-être le moins lucide sur la situation, à ce moment précis.
 
D’une intelligence collective, agile, qui perçoit au maximum de ses membres une situation volatile et complexe, la décision passe aux mains du « chef »; lui-même en prise à ses pulsions les moins élaborées, d’attaque et de défense, face à une équipe dans un mutisme toxique.
 
Ce qu’il a fait fort de ce constat:

Il a d’abord accepté avec humilité cette facette de sa personnalité, et les effets réels sur l’équipe.

Pas toujours facile pour l’égo!
 
Il a ensuite remarqué que, dans ces situations, 2 collaborateurs, dans son équipage étaient toujours calmes, surtout en temps de stress.
 
Des forces tranquilles.
 
Alors, il les a nommées « gardiens de John Bertrand »: leur rôle: le calmer quand il montait dans ses colères.
 
C’est cela même qui a contribué de manière décisive à sauver la victoire finale, alors que John Bertrand venait de rater son départ et devait effectuer une « pénalité »: une manœuvre couteuse de précieuses secondes.
 
Ces gardiens de la présence et de la lucidité collective, ces gardiens de l’agilité sont un dispositif essentiel à tout collectif.
 
Et à toute réunion ou négociation, notamment lorsqu’il y a des enjeux particuliers, ou des profils « spécifiques » autour de la table.
 
Plus généralement, ils sont garants du fait que chacun, y compris les plus introvertis, peuvent exprimer leur vision en toute liberté, au service du bien commun.
 
Cette vision riche pour répondre à la complexité et porter la victoire collective.
 
Et vous avez-vous de tels gardiens dans votre équipe ou votre entreprise?



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